La réunion

La réunion

« Elle posa le plateau sur la table basse devant le canapé sur lequel ses invitées étaient installées, et cinq mains aux ongles vernis de noir s'emparèrent chacune d'un verre de thé. »

Martine avait arrangé les boîtes en plastique sur la table de la salle à manger suivant leurs tailles, leurs largeurs et leurs hauteurs : devant elle, les boîtes hautes et étroites, toutes transparentes mais avec chacune un couvercle d’une couleur différente. Devant, les boîtes larges comme des saladiers, chacune d’une couleur différente avec le couvercle assorti. Au troisième rang, les petites boîtes rondes, pas plus grandes ni plus grosses que de simples bols ; elles aussi avaient le couvercle assorti. Enfin, de l’autre côté de la table, Martine avait déposé tous les accessoires en promotion ce mois-ci.

Véronique, la maîtresse de maison, revenait de la cuisine avec un plateau chargé de verres pleins d’un thé glacé aux fruits fait maison et d’un cake pomme / cannelle déjà tranché également fait maison. Elle posa le plateau sur la table basse devant le canapé sur lequel ses invitées étaient installées, et cinq mains aux ongles vernis de noir s’emparèrent chacune d’un verre de thé.

Véronique passa derrière la table de la salle à manger et tendit un verre à Martine. En revenant vers le fauteuil qu’elle occupait depuis le début de la soirée, elle jeta un coup d’oeil au-dessus des têtes des invitées pour s’assurer que Cédric était toujours là où elle l’avait laissé, à savoir sur le tapis de l’entrée.

Quand elle lui avait dit que ses copines venaient ce soir, il lui avait répondu un « Encore ! » désespéré, suivi d’un « J’espère que cette vieille chouette de Josefina ne viendra pas ! ». Ce à quoi Véronique lui avait répondu : « Écoute mon chaton, je ne sais pas si Josefina sera là, mais si c’est le cas, tâche de faire un effort et de la laisser tranquille cette fois-ci ! ».

Et cette vieille chouette de Josefina était bel et bien là, sur le dossier du canapé, avec son habituel air renfrogné, et Cédric n’avait fait aucun effort.

Avant que la réunion ne commence, tandis que Martine effeuillait rituellement un bouquet de mandragores, et avant que Véronique n’ait eu le temps de dire quoi que ce soit, Cédric, d’un coup de griffe, avait arraché une longue plume de l’aile droite de Josefina et était maintenant en train de jouer avec sur le tapis de l’entrée.

© 2022 Sara Afonso – Tous Droits Réservés

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